Proposé par
M. le Grand Rabbin
Harold Avraham WEILL
Mes très chers amis,
Le récit atteint son point de tension maximale.
Binyamin est menacé et c’est tout l’avenir de la famille qui est en jeu.
La Torah ouvre pourtant notre Parasha par un mot qui semble presque superflu :
ויגש אליו יהודה
« Yehouda s’approcha de lui »
Nos Maîtres enseignent que ויגש ne décrit pas seulement un mouvement physique mais une הגשה לתפילה,
une entrée dans la prière, une tentative d’approche intime devant D’
Mais comment Yehouda se prépare-t-il à ce moment sur lequel repose tout l’avenir du peuple d’Israël ?
Le Tiferes Shlomo répond en attirant l’attention sur cette phrase centrale
כי עבדך ערב את הנער
« car ton serviteur s’est porté garant du jeune garçon »
Être ערב, garant, ce n’est pas qu’un engagement technique.
C’est un lien d’être !
Yehouda comprend qu’il ne peut plus se tenir devant ה׳ en tant qu’individu isolé.
Le sort de Binyamin est désormais mêlé au sien.
C’est précisément cette conscience qui ouvre la prière.
En d’autres termes, tant que l’homme prie pour lui seul quelque chose demeure fermé.
Mais lorsqu’il se présente devant ה׳ chargé de l’autre, responsable de lui,
la tefila change de nature.
Le Radomsker l’illustre par un exemple simple et profond :
il est souvent plus facile de demander la tsedaka pour un autre que pour soi.
Lorsque la demande n’est pas encombrée par le moi, elle devient plus droite, plus vraie, plus recevable, presque plus légitime.
Il en va de même pour la prière.
La tefila la plus intime naît là où l’homme accepte de porter l’autre
jusque dans la rencontre avec ה׳
En conclusion, Yehouda peut s’approcher de D’ parce qu’il ne vient pas seul.
La véritable tefila commence lorsque l’homme comprend qu’il ne peut pas être sauvé seul et qu’il se tient devant ה׳ au nom de quelque chose plus grand que lui.
Un immense Mazal Tov à Éden et Yaakov Bouskila et leurs parents ainsi qu’à Élise et Philippe Tordjman et leurs parents pour la naissance de leur petit prince.
Que ce Shabbat Vayigash nous permette à nous aussi de nous rapprocher d’Hashem et de prendre conscience de notre responsabilité collective.