Une réflexion proposée par
Mme Emouna L.
Parallèle entre la Mitsva de Hanouka et notre rapport aux Mitsvot
Dans la Guémara Chabbat qui traite des lois de Hanouka, les Hakhamim débattent pour définir l’élément essentiel de la Mitsva de Hanoucca. Ils se demandent si c’est l’acte d’allumer la flamme qui détermine la validité de l’accomplissement ou le fait de placer la Hanoukia devant sa maison, à la vue des passants.
Deux cas ambigus sont examinés : le premier concerne un homme qui garde les flammes d’un chandelier en main. N’ayant fait que l’acte d’allumer, il n’est pas considéré comme quitte. Le second se rapporte à un individu qui déplace vers son perron un chandelier qui illuminait son intérieur : n’ayant fait que le déposer, il n’est pas quitte non plus.
Les Hakhamim concluent par Hadlaka ossa Mitsva – « Seul l’allumage effectué à l’endroit approprié est valide ».
Des maîtres hassidiques trouvent dans ce débat un parallèle symbolique. Ils associent l’acte d’allumage aux notions de ferveur et d’enthousiasme, alors que le simple fait de déposer renvoie à l’action sèche et statique.
Certains Juifs cherchent dans la pratique des mistvot de quoi se nourrir émotionnellement et spirituellement. Ils ont probablement raison, car selon les maîtres hassidiques, le but ultime des Mitsvot est de renforcer son lien avec le Créateur.
Pour autant, malgré une attente légitime, ces personnes risquent de dénigrer l’action dès lors qu’un affaiblissement de leurs intentions intervient. Les maîtres insistent pour leur dire que les Mitsvot ont également un sens même lorsqu’elles sont dépourvues de ferveur. C’est pourquoi l’avis de Hanakha ossa Mitsva – « Le fait de déposer est valide » a pu être défendu par l’un des Amoraïm. Quand le cœur n’y est plus, il est essentiel de continuer à pratiquer, bien qu’il s’agisse là d’un niveau plus faible de réalisation.
De la même manière que l’allumage n’est valide que s’il se fait au bon endroit, le service de Hachem n’est complet qu’au moment où la ferveur et l’action sont unies. En effet, accompagnée d’une action tangible, une émotion parfois stérile devient fructueuse pour le monde.
Le sentiment d’opposition entre le cadre de la loi et notre ressenti personnel est un sujet auquel le Mei Chilouah est sensible. Il admet que le monde des Mitsvot comporte l’avantage d’instaurer des repères fixes, mais a la faiblesse de ne pas pouvoir aider l’Homme dans ses choix plus intimes.
Il nous invite donc à méditer sur le verset du psaume (119,105) : Ner léragli dvarékha… – « Ta parole est un flambeau qui éclaire mon pas », qui englobe selon lui toute la Torah.
Selon ce verset, il existerait deux lumières pour nous guider. Tout d’abord le Or, un rayon vif éclairant une route dotée des balises claires de la Halakha. Puis le Ner, une flamme spirituelle intérieure accompagnant la dynamique de notre vie personnelle. Lueur subtile, elle fournit sa puissance justement là où il fait sombre. Préservons son éclat en nous !