Après la longue négociation d’Avraham avec Hashem pour tenter d’éviter la destruction de Sdom, où il déploie une compassion immense pour défendre des gens dont il ne partage ni les valeurs ni la morale, la Torah conclut :

ואברהם שב למקומו

« Et Avraham retourna à sa demeure »

Au premier niveau, cela signifie simplement qu’il est rentré chez lui.
Mais le Mei HaShiloach nous en propose une lecture édifiante.

Le Makom dont il est question ici n’indique pas un lieu géographique mais une dimension intérieure.

Car Avraham vient de faire un effort moral et spirituel gigantesque :
il a prié pour sauver des personnes qu’il n’aimait pas, qu’il ne comprenait pas, et dont la conduite l’opposait frontalement.
Pour elles, il a dû élargir artificiellement son cœur, dépasser sa mesure naturelle.

Et pourtant :

ואברהם שב למקומו

Il revient à la vérité de son cœur.

Après cette élévation exceptionnelle, il retourne à sa place intérieure,
à son amour authentique, à la mesure réelle qu’Hashem lui a donnée.

Pour le Izbitzer Rebbe, sa grandeur est justement là :
être capable de se dépasser pour prier même pour ceux qu’il ne peut pas aimer, puis revenir lucidement à son makom véritable, sans se mentir sur la nature profonde de son cœur.

C’est une double noblesse :
se dépasser tout en restant vrai.

Et peut-être que la leçon pour nous consiste à savoir élargir notre cœur quand la situation l’exige, mais sans jamais perdre le courage de revenir à notre vérité intérieure: une compassion lucide, fidèle, non fabriquée, imperméable au mensonge et à la malhonnêteté.

Un immense Mazal Tov à Elior Gerst ainsi qu’à ses chers parents Perle et David et ses grands parents Gerst et Zyzek pour sa Bar Mitsva. Qu’il soit toujours pour eux une immense source de Nahat.

Que ce Shabbat Vayera soit aussi inspirant que son personnage principal Avraham Avinou continue de l’être de génération en génération.