À Strasbourg, Emmanuel MACRON annonce la panthéonisation de Marc BLOCH
Par Elsa COLLOBERT
Article paru initialement le 25/11/2024 dans la revue Savoir(s) – Le quotidien de l’Université de Strasbourg
Au lendemain de l’annonce par le Président de la République de la Panthéonisation du Professeur Marc BLOCH, résistant fusillé, nous célébrons comme chaque 25 novembre dans la Aula portant le nom de Marc BLOCH le souvenir de la rafle de Clermont où des universitaires repliés de Strasbourg ont été assassinés par les nazis. La présence de Daniel BLOCH, son fils, a donné à cette cérémonie une tonalité historique, au cœur de notre Université où les Nazis ont réalisé les pires monstruosités avec les 86 juifs gazés au Struthof.
« Nous avons le devoir de rappeler à la nation le prix de la vie des 83 Martyrs universitaires, la Aula Marc BLOCH devient l’annexe du Panthéon » a déclaré le Président M. DENEKEN. Paul COLOMB a été honoré par notre Université, son nom sera donné à la bibliothèque d’histoire de l’université de Strasbourg.
L’Histoire nous rappelle que l’Université doit rester un espace de liberté et de débat, et ne peut être prise en otage par les partenaires de la haine, du terrorisme et de l’antisémitisme.
Présent dans la capitale alsacienne pour célébrer les 80 ans de la Libération de la ville, samedi 23 novembre 2024, le président de la République a prononcé son unique discours de la journée dans l’aula Marc-BLOCH du Palais universitaire. Il y a annoncé que l’historien strasbourgeois, résistant, fusillé en 1944 par la Gestapo, ferait son entrée prochaine au Panthéon.
“Ne brisez pas nos espoirs de réaliser nos rêves de jeunes Européens”. Dans une adresse aux dirigeants et élus présents samedi 23 novembre 2024 à Strasbourg, de jeunes collégiens et lycéens de la région sont revenus sur les projets mémoriels les ayant conduits, en cours d’année, à remonter le fil de la Libération du pays du joug nazi, en 1944, de la Normandie à la Provence puis, enfin l’Alsace : élaboration de vidéos, marche mémorielle, plantation d’arbres, jumelage avec un établissement de Périgueux, fresque de rue… Devenus des “passeurs de mémoire”, ils entendent bien garder vivace l’héritage des défenseurs de la liberté, engagés parfois jusqu’au sacrifice de leur vie pour les valeurs de la République.
Tel Marc BLOCH, dont ils auront sûrement croisé le nom au cours de leurs recherches, aux côtés de ceux de ROUVILLOIS, ZIMMER, LECLERC, ceux des prestataires du serment de Koufra, de voir “flotter le drapeau français sur la cathédrale de Strasbourg”. Le fils de l’historien, Daniel BLOCH, 98 ans, était présent au Palais universitaire, pour recevoir la légion d’honneur des mains du président Emmanuel MACRON. “Pour moi, benjamin d’une fratrie de six, c’est incroyable d’apprendre la nouvelle de la panthéonisation de mon père, ici, à Strasbourg, où je suis né, dans un lieu qui porte son nom. C’est quelque chose que nous attendions depuis bien longtemps”, s’est-il félicité. L’aula Marc BLOCH a pris le nom du professeur d’histoire médiévale, incarnation du patriotisme français, au lendemain de la fusion des trois universités françaises, après avoir orné le fronton de la faculté des sciences humaines et sociales, de 1998 à 2009, sous l’impulsion notamment de Daniel PAYOT, professeur émérite en philosophie de l’art et ancien président de l’Université Marc BLOCH.
Sentinelle de l’esprit
Le président de la République a annoncé que le résistant, fusillé par la Milice allemande le 16 juin 1944, rejoindrait “les grands hommes”, Missak MANOUCHIAN et ses camarades, au Panthéon, dans son seul discours prononcé dans la journée. “Sentinelle de l’esprit […], volonté française incarnée par sa lucidité, par son courage, enfant de l’universalisme français, enfant de ces juifs d’Alsace qui exprimèrent la volonté en 1870 d’adopter notre République, celle qui émancipe et protège. Professeur à son tour pour enraciner dans chaque cœur l’amour des Lumières et l’amour de notre Patrie. C’est pourquoi, en cette université et en ce jour, pour son œuvre, son enseignement et pour son courage, nous décidons que Marc BLOCH rentrera au Panthéon”.
Dans son discours adressé à cette région “martyre”, marquée par la “déchirure”, l’Alsace-Moselle, Emmanuel MACRON a aussi évoqué l’importance de la transmission, “la nécessité de reconnaître et enseigner la tragédie des Malgré-Nous incorporés de force, car leur histoire est celle de notre nation”. Plus tôt dans la journée, il a présidé une cérémonie miliaire, place Broglie, durant laquelle il a décoré quatre vétérans. Dans l’après-midi, il s’est rendu au camp de Natzweiler-Struthof, seul camp de concentration sur le sol français, où il a rallumé la flamme du Déporté : se souvenir, pour ne pas répéter les erreurs du passé.