Lorsque Yossef est tiré de prison pour comparaître devant Pharaon, la Torah précise :
ויגלח ויחלף שמלותיו.
« Il se rasa et changea ses vêtements »

Et Rachi de commenter : מפני כבוד המלכות « par respect pour la royauté »

Que cherche-t-il à nous enseigner ?

Yossef change extérieurement certes, mais intérieurement, rien ne bouge.
Il ne s’élève pas dans son propre regard.
Il ne confond pas l’honneur reçu avec une valeur acquise.
Il reste soumis à Hashem, fidèle à son identité de juif.

C’est précisément cette constance intérieure que le Avnei Nezer érige en critère de vérité :
la grandeur d’un homme se mesure à sa capacité à rester le même lorsque tout autour de lui change.

Le Pshiskhe Rouv avait d’ailleurs l’habitude de commenter ce verset avec une profondeur exceptionnelle :

ובאו כל הברכות האלה והשיגוך
« toutes ces bénédictions viendront sur toi et t’atteindront »

Si elles viennent, n’est-ce pas suffisant ? Pourquoi préciser qu’elles t’atteindront ?

Sa réponse est radicale :

les bénédictions ne poursuivent que celui qu’elles sont capables d’atteindre là où il se trouve !

Yossef n’a jamais couru après la grandeur.
Il est resté le même dans la fosse, dans la prison et au sommet de l’Égypte.
Alors, la grandeur l’a atteint.

Et c’est précisément le message de Ḥanouka.

Les Ḥachmonaïm n’ont pas cherché la victoire culturelle ou politique.
Ils n’ont pas voulu briller dans le monde grec.
Ils ont simplement refusé de changer intérieurement.

Ils ont accepté d’agir dans l’histoire, mais sans jamais déplacer leur centre.
Et parce qu’ils sont restés eux-mêmes, la victoire est venue à eux.

Que ce Shabbat Miketz Rosh Hodesh Hannouka nous illumine triplement de tout la lumière qu’il porte en lui.