La relecture de la naissance d’Essav et Yaakov dans le contexte actuel donne nécessairement un écho particulier au mal qui ronge notre société depuis plus de 3000 ans et ne s’est jamais exprimé avec autant de virulence.

Si la haine du juif, et plus particulièrement du message dont il est en charge, inscrit au plus profond de son identité, semble consubstantiel à son histoire, le début de notre Sidra, nous apprend à nous y confronter et à y apporter les réponses adéquates.

Alors que l’histoire du peuple juif est encore en gestation, elle semble déjà trouver une certaine forme de sérénité lorsqu’elle prend la peine de s’assumer (cf Rashi ויתרוצצו). À contrario, c’est quand elle est réduite à sa plus simple expression qu’elle devient vulnérable, à la portée de ceux qui souhaitent l’éradiquer définitivement.

Le Grand Rabbin Jonathan Sacks ז״ל dont nous venons de célébrer le Yortseit raconte qu’à l’effondrement de l’URSS, un Rabbin anglais qui s’était rendu en Russie afin d’y faire revivre le judaisme fut interpellé par une dame qui lui murmura : durant toute l’époque communiste, j’ai caché mon identité jusqu’à faire disparaître toute trace de mon judaisme. Et voilà que 50 ans plus tard, mes voisins se remettent à m’appeler : « la juive ».

Le rabbin lui répondit: étrangement, je suis parfaitement identifiable avec mon cafetan noir et mon chapeau et pourtant, personne ne s’est encore adressé à moi en ces termes.
Quel en est d’après vous la raison ?

La vieille dame réfléchit quelques instants puis s’écria:
ils savent qu’en m’appelant « la juive » je me sentirai heurtée et blessée tandis que vous, vous vous sentiriez honoré. Ils ne souhaitent donc pas vous accorder ce plaisir !

Il n’existe pas de meilleur remède à l’antisémitisme que celui d’être toujours plus juif.

Que ce Shabbat Toldot nous en offre l’opportunité et exacerbe le Yaakov qui est en nous, serait-il encore en gestation…