Le Dvar Torah du Grand Rabbin – Roch Hachana

Proposé par 

M. le Grand Rabbin
Harold Avraham WEILL

À bon entendeur !

Bien que faisant l’objet d’une âpre discussion entre le Rambam et Rabbeinou Tam, il est communément admis que notre devoir à Roch Hachana ne consiste pas à sonner du Choffar mais plutôt à en écouter les sonneries. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la bénédiction d’usage emploie la formule לשמוע קול שופר [qui nous a ordonné] d’écouter le son du Choffar plutôt que על תקיעת שופר [qui nous a ordonné] de sonner du Choffar.
Le Rav Sholom Noach BEREZOVSKY de Slonim, dans son célèbre Netivot Shalom, fait néanmoins remarquer que le psaume 81 ( תקעו בחודש שופרSonnez du Choffar à la nouvelle lune) semble accorder à l’action de sonner une importance tout à fait particulière. Il n’existe en réalité pas de contradiction réelle entre ces deux approches. Elles se complètent harmonieusement, mettant chacune l’accent sur une facette de cette journée décisive. La pollution sonore de la société tumultueuse dans laquelle nous évoluons a fait de nous des êtres insensibles. Nous ne sommes plus en mesure de capter la voix émanant du Mont Horev qui nous interpelle chaque jour et nous renvoie à nos responsabilités. Nous sommes devenus, dans le meilleur des cas, des intermittents de l’écoute, générant de facto de sérieux problèmes de fréquence dont les conséquences sur la relation que nous entretenons avec D’ comme celle que nous entretenons avec nos semblables sont un véritable désastre.
Mais lorsque le Choffar retentit, l’homme cesse de se cacher, comme il le fait parfois durant son existence, pensant échapper à sa condition en se bouchant trivialement les oreilles (cf. Berechit 3, 8 ויתחבא האדם ואשתו). Il se débarrasse de tous les bruits parasites afin de n’entendre que ce qui doit l’être.
Dans un registre presque symétrique, cette insensibilité ambiante a fait de nous des êtres muets. Nous parlons pour ne rien dire. Quant à nos prières, aussi longues et régulières soient-elles, elles sont devenues aussi insipides qu’inaudibles.
En sonnant du Choffar, nous nous engageons à libérer le cri de notre Nechama, de notre âme. A revendiquer de manière fracassante notre identité de juif et notre lien indéfectible avec la Torah.
Jeudi et vendredi, le son du Choffar s’entremêlera à celui qui déchira les cieux le 7 octobre dernier. Nous redeviendrons alors des écoutants et des parlants, dans le sens le plus noble du terme, implorant le Tout Puissant de ramener ses enfants à la maison et d’accorder à l’ensemble de Son peuple une année pleine de sérénité et de félicité.
Que cette année 5785 offre à chacune et chacun d’entre vous les plus belles perspectives de progression et d’élévation et qu’elle vous comble de joies et de satisfactions, le tout dans une santé éclatante.

לשנה טובה תכתבו ותחתמו לאלתר לחיים טובים ולשלום

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