Proposé par
M. le Grand Rabbin
Harold Avraham WEILL

Mes très chers amis,
Quand Moshé Rabbénou prend conscience que sa mission touche à sa fin, il adresse à Hachem une demande poignante :
“יפקד ה’ אלקי הרוחות לכל בשר איש על העדה”
« Que l’Éternel, D. des esprits de toute chair, désigne un homme sur l’assemblée. »
Il aurait pu, à cet instant, plaider pour que l’un de ses fils, Guershom ou Éliézer, lui succède.
Mais le Midrash Rabba (21; 15) dévoile une réponse bouleversante de D. :
“בניך ישבו להם ולא עסקו בתורה, יהושע הרבה שרתך,…כדאי הוא שישמש את ישראל״
« Tes fils sont restés assis et ne se sont pas investis dans l’étude de la Torah ;
tandis que Yéhochoua t’a servi sans relâche — c’est à lui que revient de servir le peuple. »
Pourtant, comme le souligne la Torah, Moshé a bel et bien le pouvoir de transmettre :
“וסמכת את ידך עליו” –
“Tu imposeras ta main sur lui”
“ונתת מהודך עליו” –
“Tu lui transmettras de ta splendeur”
Plus qu’un banal passage de relais, c’est une véritable transmission spirituelle qui s’effectue au moment du changement de pouvoir.
Le Avnei Nezer pose ici une question aussi puissante que dérangeante :
Si Moshé possède un tel pouvoir de transmission spirituelle, pourquoi ne l’a-t-il pas utilisé sur ses enfants ? Pourquoi ne pas les élever par l’imposition des mains, et ainsi faire d’eux des héritiers naturels, même s’ils ne sont pas encore à la hauteur ?
Parce que la main de Moshé ne peut élever que celui qui cherche à grandir.
Parce qu’il ne peut donner qu’à celui qui aspire à recevoir.
Parce que, bien plus que la source, c’est le réceptacle qui est déterminant.
Le leadership, la sagesse, la kedousha ne s’héritent pas. Ils se méritent. Un maître, aussi grand soit-il, ne peut offrir qu’à celui qui désire recevoir.
En cela, Yehochoua, est un successeur légitime. Bien plus que par l’étendue de ses connaissances, c’est par sa propension à accueillir, pleinement, humblement, tout ce que son maître a encore à lui transmettre, qu’il justifie le choix de D’.
Dans un monde où tout n’a jamais semblé si aisément transmissible et duplicable, la Torah nous rappelle que sa sagesse requiert investissement et humilité.
Elle ne descend que là où l’on s’est préparé à la recevoir.
Mazal Tov à Ditsa et Yonadav Grumbach ainsi qu’à leurs familles, pour la naissance de leur petite Yonina Tsipora.
Quant à vous, chers amis, que ce Shabbat Pinhas vous apporte beaucoup de sérénité.