Proposé par
M. le Grand Rabbin
Harold Avraham WEILL

Mes très chers amis,
Le Ohev Israël d’Apta commente avec profondeur le tout premier verset du cantique de Haazinou, que nous lirons ce Shabbat :
“האזינו השמים ואדברה ותשמע הארץ אמרי פי”
« Écoutez, cieux, et je parlerai ; que la terre entende les paroles de ma bouche. »
La tradition souligne ici une différence de ton :
“אדברה”, une parole forte et exigeante, s’adresse aux cieux, alors que “אמרי פי”, des paroles douces, sont destinées à la terre.
Le Ohev Israël en tire une leçon spirituelle bouleversante.
Les cieux symbolisent la נשמה, l’âme supérieure, la racine céleste de l’homme.
La terre, elle, représente le corps, la dimension matérielle, plus lourde, plus difficile à éveiller.
Il explique ainsi que tout message de vérité, toute volonté de changement, doit d’abord s’adresser à l’âme, à ce qu’il y a de plus authentique et de plus sincère en nous.
C’est pourquoi la Torah commence par une parole forte :
“האזינו השמים ואדברה” ,
une parole qui s’élève vers les cieux, vers cette part en nous qui reconnaît la vérité même lorsqu’elle dérange, même lorsqu’elle bouleverse !
Mais une fois cette part intime atteinte, alors le corps aussi peut écouter. Il devient réceptif, apaisé, disponible. C’est alors qu’intervient la douceur de “אמרי פי” , des paroles qui résonnent jusque dans notre quotidien, dans nos gestes, dans la terre de nos vies.
Une parole qui transforme est d’abord une parole qui parle à l’âme.
Et une fois l’âme éveillée, même les habitudes du corps peuvent changer.
Après Yom Kippour, ce message prend tout son sens :
les grandes promesses ne suffisent pas ! Il faut maintenant laisser nos gestes simples, nos habitudes concrètes, entendre en douceur ce que nos âmes ont entendu dans l’intensité.
Des “אמרי פי” à faire descendre dans nos terres…
Puisse ce Shabbat Haazinou, empreint de tout ce que nous avons pu vivre à Kippour nous propulser vers Souccot qui, d’une certaine manière, fait aussi le lien entre le ciel et la terre.