Une réflexion proposée par
M. le Rabbin Reouven CORIAT
Il y a plus de 2100 ans, Alexandre le Grand conquiert le monde.
À sa mort, son immense empire est partagé entre ses généraux. C’est aux Séleucides que revient la Syrie et la terre d’Israël qui y est rattachée. Antiochus IV monte sur le trône : rapidement, il projette d’effacer toutes les cultures et impose à tous la vision grecque du monde. Le peuple juif résiste et tente de conserver fidèlement ses valeurs et l’héritage de ses ancêtres.
Pour les contraindre, Antiochus leur interdit l’étude de la Torah, l’observance du Chabbat et la pratique de la Bérit Mila, la circoncision, décrets par lesquels « Il obscurcit les yeux d’Israël ».
Comment la Grèce, berceau de la culture et de la civilisation peut être assimilée à l’obscur ?
En quoi la conception grecque du monde détache Israël de sa croyance ?
Pourtant Israël, Peuple du Livre, est animé d’un amour insatiable pour la sagesse, où se situe malgré la réelle proximité le point de discorde avec la culture grecque ?
Les Grecs ont tenté de porter atteinte à l’intégrité de la sagesse d’Israël. Ils n’ont pas cherché à éliminer ou tuer les Juifs. La guerre se déroulait plus dans les esprits que dans les lieux de combats.
En rationnalisant le monde, en le débarrassant de toute référence au sacré et au mystique, le Grec a certes contribué à lui donner un sens, mais par la même l’a résolument fermé à toute ouverture vers la transcendance.
Le monde vu par la philosophie se suffit à lui-même.
N’est sensée que la raison, il n’accepte aucun débordement hors des limites de cette rationalité.
Privé de référence à un ailleurs dont procéderait le sens, l’univers grec est libre de toute obligation. Il n’a comme seule contrainte que les lois de son maintien.
Pour Israël, le sens n’est pas inhérent au monde, il le dépasse.
Le sensé réside dans ce nécessaire renvoi à une hauteur, une origine. Renvoi qui implique l’idée d’obligation et de Mitsva.
L’intellection du monde est certes nécessaire, la culture est d’une grande importance, mais sous condition. Il faut qu’elle génère une interrogation permanente, qu’elle suscite une remise en question garante d’une ouverture du monde à ce qui la dépasse.
La culture grecque refuse cette ouverture : elle est qualifiée de HOCHEKH, d’obscurité, elle détache Israël de sa croyance.
Pour faire régner le OR, la lumière, sur le HOCHEKH, l’obscurité, Matityahou, le Grand-Prêtre, donne le signal de la révolte. Il rassemble autour de lui ses 12 fils, et entreprend de combattre les puissantes armées grecques. La famille, les Asmonéens, avec à sa tête Yéhouda, le fils de Matityahou, prend pour nom « Maccabi », acronyme en hébreu du verset « Qui est comme Toi, D.ieu ! ».
Antiochus envoie au combat son meilleur général avec une armée, sans pareille pour l’époque, de 47 000 soldats, renforcée par un corps d’éléphants. Bien que très largement inférieurs en nombre et en armement, Les Asmonéens qui ne comptent que 13 hommes ; ils comprennent que seul un miracle peut les sauver.
Descendant des collines où ils se cachent, ils passent alors à l’offensive au cri de « Qui est comme Toi Dieu… », combattent avec une bravoure et héroïsme sans pareil et miraculeusement parviennent à libérer tout Israël. Enfin, Jérusalem est délivré le 25 du mois de Kislev, le Temple est ré-inauguré.
Il reste à rallumer le Chandelier à sept branches du Temple, la Ménorah.
Mais, pour cela, il faut une huile pure. Or, avant de fuir, les Grecs ont souillé toute l’huile du Temple.
Les Asmonéens finissent finalement par trouver une petite fiole d’huile pure, juste suffisante pour alimenter la Ménorah pendant une seule journée. Il faut huit jours pour fabriquer une nouvelle huile pure.
Les Asmonéens rallument le chandelier et l’huile brûle miraculeusement pendant huit jours.
La lumière a triomphé sur l’obscurité !
En souvenir de ce miracle, chaque soir de Hanoucca, pendant huit jours, les Juifs allument les lumières de la fête à la nuit tombée.