Proposé par
M. le Grand Rabbin
Harold Avraham WEILL

Mes très chers amis,
Nous avons évoqué hier soir la grandeur de Shabbat Ḥazon, dont le Ohev Israël de Apta se fait le porte-parole. De manière paradoxale, c’est précisément la proximité de Tisha BeAv qui en exalte le contraste et lui confère une lumière particulière.
Le Tiferet Shlomo de Radomsk illustre cette idée à travers une lecture originale d’un passage bien connu du Lekha Dodi :
“רב לך שֶׁבֶת בעמק הבכא”
« Tu as suffisamment séjourné dans la vallée des pleurs »
qui peut ainsi se comprendre comme :
“Le Shabbat est pour toi une grande source de richesse, même dans la vallée des pleurs.”
Les mots “שֶׁבֶת” (« résider ») et “שַׁבָּת” (« Shabbat ») partageant la même racine, et le mot “רַב” évoquant à la fois la notion de lassitude et celle d’abondance, de richesse.
Ainsi, le Shabbat transforme et sublime les périodes les plus difficiles de l’existence. Il n’est pas seulement un moment de transition vers le jeûne : il est une expérience qui teinte le deuil de consolation et permet à l’obscurité d’être percée par la clarté de l’espoir (חָזוֹן).
De manière intéressante, ce même jeu de mots peut s’appliquer à un verset que nous lirons demain dans les premières lignes de la parashat Devarim:
רב לכם שֶׁבֶת בהר הזה”
« Vous avez suffisamment séjourné sur cette montagne »
qui peut également se lire ainsi :
“Le Shabbat est grand pour vous sur cette montagne.”
En d’autres termes, même lorsque nous avons la sensation d’être enfoncés dans la vallée des pleurs, le Shabbat peut (doit) devenir une montagne intérieure, nous élevant au-dessus des contingences, nous donnant la capacité de voir plus loin : jusqu’à l’horizon où poindra la lumière de Jérusalem reconstruite.
Puisse ce Shabbat Devarim Hazon adoucir la douleur de l’exil.
Un grand Mazal Tov à Ethan Alcabas et Ethan Souroudjon ainsi qu’à leurs proches pour leur Bar Mitsva ce Shabbat.
Mazal Tov à Guilead Grumbach et sa famille pour son mariage avec Haya Odaya Taieb ce mardi à Jérusalem que nous espérons reconstruite !