Un verset au cœur du passage consacré aux malédictions nous interpelle :

והיית ממשש בצהריים כאשר ימשש העור באפלה

“Et tu tâtonneras en plein midi comme l’aveugle tâtonne dans l’obscurité״

Il semble, à première vue, décrire une situation dramatique : celle d’un homme qui perd tous ses repères, qui n’a plus de direction, qui cherche à tâtons, même en plein jour.

Mais les mots employés ici sont étonnants. Pourquoi dire “en plein midi comme un aveugle dans l’obscurité” ?
Si c’est “midi”, il fait clair !
Et si c’est “obscurité”, pourquoi parler de “midi” ?

Le Ktav Sofer propose ici une lecture magistrale.

Le problème n’est pas seulement l’obscurité extérieure, mais l’obscurité intérieure.
Il arrive qu’il fasse grand jour. Que les faits soient parfaitement clairs. Que les événements soient visibles.
Mais que le peuple reste aveugle.

Il refuse d’admettre la réalité.

Dans les temps de crise, dit le Ktav Sofer, les gens chercheront désespérément qui est fautif.
On établira des commissions, des rapports, des analyses stratégiques.
On accusera l’armée, les dirigeants, les juges, les journalistes, les religieux, les laïcs, les colons, les ultra-orthodoxes, les gauchistes, le Grand Rabbin (🤓) …

Tout le monde sera désigné coupable.

Tout le monde… sauf soi-même !

Et cela, dit le Ktav Sofer, est le cœur même de la malédiction :

Un peuple qui a perdu sa capacité d’introspection.
Un peuple qui cherche dans toutes les directions, sauf la bonne.
Un peuple qui tâtonne à midi, alors que la lumière est là, mais que personne ne veut ouvrir les yeux.

Il y a pire que la méconnaissance, c’est l’illusion du savoir.

La malédiction n’est pas l’échec en soi mais l‘incapacité à en déceler les causes. C’est de feindre d’être lucide tout en se racontant des histoires.

À quelques jours de Rosh Hashana, la Torah nous invite à éviter cet écueil et à simplement ouvrir les yeux afin de percevoir la clarté du jour.

Que ce Dvar Torah participe à l’élévation de l’âme du Dr Jean Rosenbach, homme de vérité.

Quant à vous chers amis, que ce Shabbat Ki Tavo nous invite à garnir notre panier intérieur de ce que nous avons de plus beau.